L’obésité entraine-t-elle un risque accru de dépression ?

Article de

Dr. Ludovic RONDINI

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L’inflammation, une composante de la dépression.

La dépression est considérée aujourd’hui la deuxième principale cause d’invalidité dans le monde. Elle est associée à risque accru de morbidité et de mortalité. Si une inflammation chronique et  de faible intensité (dite de bas-grade)  augmente le risque de dépression, il n’est cependant pas possible de prétendre que la dépression est maladie inflammatoire. En effet, tous les patients présentant une inflammation ne développement pas une dépression. C’est notamment les cas chez les personnes obèses (IMC >30) qui présentent systématiquement une inflammation de bas grade sans toutefois être tous dépressifs. L’inflammation est donc un facteur de sensibilisation plus que la cause unique de la dépression[i].

Comprendre les facteurs de risque modifiables et les biomarqueurs associés au risque de dépression telle que l’obésité est cruciale pour identifier les patients à risque, afin de développer des programmes préventifs et individualisés. En effet, seuls  30% des patients atteints de troubles dépressifs majeurs et traités par  un antidépresseur de première intention voient une rémission complète du premier épisode.

 

Obésité et marqueurs de la dépression

Une étude franco-espagnole publiée en octobre 2017 dans le Lancet[ii] a étudié  les liens entre obésité, inflammation et dépression. Pour se faire, les chercheurs ont comparé deux groupes de 38 patients obèses, le premier ayant des antécédents de troubles dépressifs majeurs et le second sans antécédent dépressif ni de maladie neuropsychiatrique.

De nombreuses variables ont été suivies : l’indice de masse corporelle (IMC), l’apparition de l’obésité, la durée de l’obésité… L’évaluation comportementale a été menée avec divers outils d’évaluation validés : échelle de la dépression de Montgomery-Asberg (MADRS), Inventaire de fatigue multidimensionnelle (IFM) et échelle de neurotoxicité (NRS). En parallèle, plusieurs marqueurs sériques ont été dosés : la CRP a été mesurée par des méthodes ultrasensibles (hsCRP), l’interleukine 6 (IL-6), le facteur de nécrose tumorale-α (TNF-α) et l’oxyde nitrique. Par ailleurs, un groupe témoin de 19 personnes non obèses (IMC <30) a été suivi.

Malgré l’absence d’épisode dépressif au moment de l’étude, le groupe « passé dépressif + obèse » présentait les symptômes de dépression plus élevés que le groupe « sans passé dépressif mais obèse ». De plus, la fatigue et de la neurotoxicité était également largement supérieure  et corrélées avec le nombre d’épisodes dépressifs.

Enfin, le dosage de la hsCRP  et de l’oxyde nitrique étaient également supérieurs dans le groupe de patients « dépressifs + obèses » (en comparaison avec le groupe « sans dépression mais obèse »). L’intensité des symptômes dépressifs et neuropsychiatriques  était proportionnelle  à l’élévation des marqueurs sériques : (hsCRP, IL-6, TNF-α, et oxyde nitrique)

 

La lutte contre l’inflammation de bas-grade, une priorité chez les personnes obèses.

Ces résultats indiquent que les personnes obèses avec une inflammation systémique de bas grade et des épisodes passés de dépression présentent des accrus de récidive de dépression, une qualité de vie diminuée par une fatigue augmentée et une neurotoxicité mesurable même en l’absence de dépression actuelle.

Les chercheurs ont mis en évidence que l’obésité peut déclencher l’inflammation chez ces patients vulnérables, suggérant une augmentation risque de développer dépression. La HsCRP et l’oxyde nitrique semblent être les marqueurs les plus pertinents ainsi que l’évaluation clinique des symptômes neuropsychiatriques.

Ainsi, il sera plus facile de mettre en place des programmes adaptés et spécifiques chez les patients obèses ayant traversés des épisodes dépressifs afin d’en diminuer le risque de récidives.

La pratique d’une activité physique compatible avec les capacités physiques du patient, une alimentation à faible charge glycémique et avec des apports protéiques suffisant pour enrayer les phénomènes de fonte musculaire observée chez les personnes obèses sont  à privilégier.

Au niveau de la supplémentation, les oméga 3, acides gras essentiels tirés des huiles de poissons ou des œufs de poissons permettront à la fois de lutter contre l’inflammation de bas grade entretenue par le foie et les adipocytes des patients obèses, mais également de lutter contre la neuro-inflammation et les symptômes dépressifs, comme l’ont montré de nombreuses études cliniques. Le curcuma peut également venir en soutien de ce déséquilibre métabolique entrainant des conséquences dépressives.

[i] Lotrich, F.E., 2015. Inflammatory cytokine-associated depression. Brain Research 1617, 113–125

[ii] Oriolo, G.  et al. 2017. History of depression is associated with neuropsychiatric symptoms and augmented inflammatory markers in a cross sectional study on obese patients. Lancet S627, P.1.f.007


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